Présentation

Nous allons étudier tout au long de ces lignes un principe possédant une multitude de variations de par le monde et dans le temps. Une de ces variantes se nomme, en Afrique de l’Ouest et plus particulièrement au Burkina Faso, le “Banko”*. La personne utilisant le banko doit l’adapter au lieu où elle travaille et aux fournitures qu’elle peut se procurer. En conséquence, elle augmentera certainement le nombre de variantes. L’idée dirigeant le principe du banko est de se servir de l’argile comme réceptacle du bronze en fusion (moule)*. Afin que l’opération se passe pour le mieux, il est souhaitable “d’aérer” l’argile. Pour ce faire on mélange à celle-ci de fines particules d’un élément organique qui disparaitront au moment de la cuisson du moule. En regardant au microscope nous verrions une éponge d’argile. La porosité du moule* en banko facilite l’évacuation des gaz générés pendant la coulée du bronze. De plus, le réseau de vides aide l’argile à supporter chocs thermiques, dilatations et retraits. Les éléments organiques ajoutés à l’argile peuvent être de diverses origines, on peut citer: poudre de charbon de bois*, toile de jute hachée (sac à pommes de terre), crottin de cheval ou d’âne, bouse de vache… Au Burkina Faso les bronziers* utilisent le crottin de cheval. Le mélange argile et crottin (ou autre élément organique), n’est pas idéal. Au séchage l’argile prend encore trop de retrait et n’hésite pas à se fendiller! On ajoute en plus du sable fin (dégraissant) qui permet à l’ensemble de mieux supporter les trois ennemis: chocs thermiques, dilatations et retraits..Il permet également une décoche* plus facile. La terre de termitière est appréciée en Afrique, finement broyée par les insectes elle a une consistance quasiment idéale. Il n’est même pas besoin d’y introduire de sable.
Les éléments organiques s’utilisent bien secs et émiettés, cela peut demander temps et patience. Si le soleil n’est pas sous des jours africains, on peut les étuver. Dans ce cas on modernise la méthode. Il est préférable d’utiliser pour un même moule un même mélange. Nous pourrions dire que le banko est un matériau composite où l’argile est le liant, les particules organiques les fabricants de porosité et le sable un stabilisant. Les proportions varient en fonction de la qualité des divers produits. Dans un premier temps on dégraisse la terre, grès ou faïence, en conservant une certaine plasticité. Puis on mélange à peu près, un volume d’argile dégraissée avec un volume d’éléments organiques bien secs et émiettés. En malaxant le tout on rajoute de l’eau si la consistance n’est pas bonne, le minimum, c’est sa disparition au moment du séchage, qui génère le retrait et donne naissance aux insupportables fendillements. Il faut avoir une pâte bien maléable. Une matière parfaitement homogène doit être obtenue. Une plaque de tôle epaisse et une massette font un mélangeur à main
rudimentaire. Le mélange fin près, on le stocke dans des sacs plastiques. Se méfier du pourissement éventuel. Si on l’utilise sans tarder on évite cet ennui.
Avec de modestes moyens, en des temps les plus reculés, les hommes ont fabriqués des objets en bronze. La méthode de fonderie traditionnelle africaine remonte de ces temps immémoriaux. De toutes les générations de bronziers quelques uns ont peaufiné le procédé, entre autre avec l’utilisation de pinces en fer. Peu à peu, le banko se modifie. Il est malaisé de s’en plaindre, car les tâches s’allègent et la sécurité s’améliore. Des projets de cuisson au gaz sont à l’étude au Burkina Faso (objectif: réduire la désertification), ils peinent à aboutir. Le bronzier africain acquiert son savoir avec le temps. Faisant partie de la caste des forgerons, il est au contact des choses du feu dès son plus jeune âge. Très vite il participe, à sa mesure, au travail de la communauté. Avec l’âge, des responsabilités arrivent et bientôt le temps de mener à bien des projets personnels. Les africains, travaillant le bronze depuis leur enfance, ont une endurance physique et psychologique différente de celle des occidentaux pour la plupart urbanisés. Il est nécessaire pour les toubabous* de se protéger pendant le travail du feu. Gants, lunettes, chaussures résistantes, pantalon, veste, doivent faire partie de leur panoplie de bronzier. S’initier au banko c’est entrer dans l’univers du bronze à la cire perdue par un de ses plus anciens passages et donc posséder une référence de base vis-à-vis des autres méthodes de fonderie cire perdue. En possédant la technique du banko on peut matérialiser en bronze nos idées, c’est quelque chose de vraiment fabuleux.

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1 préface 2 présentation 3 principe 4 la cire 5 le banko 6 prémoulage
7 moulage 8 décirage 9 outillage 10 la fusion 11 la décoche 12 finition
13 la patine 14 le noyau 15 sécurité 16 amélioration 17 points de vue 18 documentation
19 lexique 20 postface     vers le site la-borne.com